Conseil de lecture : Les Affinités Electives de Goethe

Avant même de commencer à lire Les Affinités Electives (1809), de Goethe, le lecteur s’équipera, comme pour Les Souffrances du jeune Werther (1774), d’une boîte de mouchoirs en papier.

Edouard et Charlotte sont un couple d’aristocrates. Ils ont un grand domaine qu’ils veulent arranger au dernier goût romantique avec des chemins et des abris qui permettent d’admirer les paysages où se mêlent forêts, prairies et lacs, ou qui permettent de « se reposer comme Philémon avec sa Baucis sous les tilleuls antiques. »

Chacun a un projet. Edouard veut faire venir un ami, alors inoccupé, « le capitaine, » qui dessinera les plans de la propriété et les aidera à tracer des chemins dans le style anglais, tandis que Charlotte veut faire venir sa nièce Odile, en pension avec sa fille Lucienne (d’un premier mariage), qui végète et n’apprend rien.

Mais le capitaine s’éprendra de Charlotte et Edouard tombera amoureux fou d’Odile. Edouard et Charlotte, se laisseraient facilement convaincre d’opérer un chassé-croisé. (Goethe fut critiqué pour ce double adultère qui choqua le public.)

La bonne société allemande à cette époque, ne croit plus du tout aux vertus du mariage – ils ont fortement diminués. (Goethe se marie à 57 ans en 1806).

Lors des repas officiels tous parlent en français – qui est la langue véhiculaire de l’élite européenne – pour ne pas être compris des laquais, lorsqu’ils évoquent des sujets scabreux.

En intermède, Lucienne, la fille de Charlotte, sort de sa pension et, avec un fiancé très fortuné, organise sur le domaine des fêtes ininterrompues, puis se lasse et part avec sa suite vers d’autres châteaux. Odile, réservée, mise à l’écart des fêtes, retrouve sa sérénité.

Apprenant que Charlotte est enceinte après une nuit d’amour, où chacun a imaginé être dans les bras de l’autre être aimé, Edouard décide d’aller combattre dans l’armée. Le capitaine partira également pour assumer des fonctions officielles prometteuses.

Odile reste auprès de Charlotte et s’occupera de l’enfant après sa naissance, laissant Charlotte occuper son rang, auprès de la bonne société.

Goethe croit en de mystérieuses correspondances chimiques et moléculaires entre ceux qui s’aiment. C’est pourquoi l’enfant a les yeux d’Odile et ressemble au capitaine (qui, précisons-le, n’a pas couché avec Charlotte ; mais les mauvaises langues des environs pensent le contraire.)

Hélas, comme dans le poème « Le Roi des Aulnes » (1782), la tragédie s’annonce. Au cours d’une promenade en barque, Odile qui est en retard pour ramener l’enfant, fait une fausse manœuvre et provoque la noyade de l’enfant.

Au même moment Edouard est de retour pour reconquérir le coeur d’Odile. Celle-ci – on le comprend – ne se remet pas de la mort de l’enfant et, malgré tous les efforts de son entourage, mourra de consomption.

Edouard meurt brusquement peu après, en regardant de menus objets ayant appartenus à Odile (de tristesse ?). Il repose auprès d’Odile dans le caveau de famille.

Source : Les Affinités Electives , préface de Michel Tournier (folio).

Odile et l’enfant mort.
Le Roi des Aulnes, (détail par Carl Gottlieb Peschel, 1840).

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.