Tiède idéalisation

Ma tante avait mangé pour le nouvel an, un perdreau, du veau, du rosbif et de la salade, sans compter du fromage, de la crème anglaise et des chocolats d’après-déjeuner. Elle avait bu un verre d’alakare, une boisson du Caucase renommée pour allonger la vie.

Eh bien, elle ne menait pas une vie de moine, soumis quotidiennement à des mortifications gastronomiques.

Ma voisine m’avait dit ce matin : « Mettez une pendule sur un bateau et expédiez-là à Yokohama, et elle indiquera toujours la même heure (la sienne). » Là aussi, je m’étais senti troublé. Le temps se joue de nous.

Ma tante me dit que je n’avais à l’esprit qu’une tiède idéalisation de ce qu’est l’écriture d’un roman, qu’on pourrait qualifier dans mon cas, d’utilitaire de seconde main. Je réagis : « On dit qu’il faut être privé de quelque chose pour l’apprécier. Or, j’ai été privé d’écriture pendant six mois, mais maintenant ça va mieux. »

Monsieur Moochagoo, une fois que je fus rentré chez moi, m’avait donné ce conseil : « Une fois que vous aurez déplié vos pensées, repassez-les. » Je m’entendis bredouiller : « Je les repasserai à quelqu’un d’autre ? » Il n’avait pas abandonné son habitude de faire des citations énigmatiques.

« ..une tiède idéalisation de ce qu’était l’écriture d’un roman. »

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